LE MONDE DES FÉES EST BIEN ETRANGE...

 

 

La fée y est un personnage ambigu. Sensible, capricieuse, susceptible, elle aime à être traitée avec respect. Bonne le plus souvent (c'est la bonne fée qui se penche sur le berceau des nouveaux-nés, apparaît aux orphelins et aux courageux malmenés par la vie), la fée peut également devenir une créature maléfique (on pense par exemple à la fée Carabosse).

                                 

 

LÉGENDES...

 

 

TANTE ARIE

 

Tante Arie, une bonne fée du Jura, sachant récompenser les braves gens et punir les négligents, surtout les paresseux et en particulier les fileuses trop indolentes, habite dans l'une ou l'autre des nombreuses cavernes du Jura dans lesquelles elle garde un grand trésor. Avec ses pieds ressemblant à ceux d'une oie et ses dents en fer, elle peut apparaître à Noël portant sur sa tête une brillante couronne. Elle a le pouvoir de se transformer en serpent. Tante Arie, lorsqu'elle prend un bain, se sépare de sa riche couronne , devenant ainsi vulnérable. Un des séjours préférés de Tante Arie était la Grotte de Milandre, près de Boncourt (district de Porrentruy). C'est dans les bassins d'eau limpide de cette vaste caverne qu'elle venait se baigner après avoir posé sur un rocher son escarboucle, extraordinaire diamant lumineux qui ornait son front. Elle se métamorphosait alors en vouivre afin d'effrayer ceux qui auraient été tentés de s'emparer de l'inestimable bijou...  

 

 

 

LA GROTTE AUX FÉES

 

Le Creux d'Enfer (Alpes vaudoises) est un vaste entonnoir échancré à 700 mètres environ au nord du village de Panex. Dans ses Légendes des Alpes vaudoises, Cérésole raconte que les fées qui y habitaient autrefois protégaient les champs aux alentours et indiquaient entre autres aux montagnards les jours les plus utiles pour faire telles ou telles semailles. Une fée originaire de ce curieux endroit essaya un jour de substituer un enfant : une femme qui sarclait son champ à proximité du Creux des Enfers déposa là le berceau de son bébé d'une admirable beauté. En le reprenant, elle vit avec horreur que la fée y avait déposé un "fayon", nom local pour désigner un enfant de fée tout noir et hideux. La malheureuse paysanne eu une idée : elle ne donna rien à manger au fayon et le reporta le lendemain auprès du Creux. Le fayon affamé poussait des cris si lamentables que la fée ne put s'y résister. Elle rendit le petit montagnard et reprit son fayon...

 

Bérolle, dans le district d'Aubonne, est une petite commune du Jura vaudois, très riche en cavités. Il s'agit de puits plus ou moins profonds, conduisant parfois à des galeries latérales, gouffres concentrés principalement dans la région du Crêt de Mondisé. Il était normal que tous ces gouffres attirent des personnages fabuleux. On racontait autrefois les magnificences des fées de l'endroit, sortes de divinités fileuses, qui quittaient parfois leurs abris souterrains pour se rassembler au son d'une musique enchantée sur une colline de cette commune. Elles se retrouvaient autour d'une longue table couverte de vases d'or et d'argent remplis des mets et des vins les plus couteux. Pendant toute la durée de la fête, un cheval gris, sans tête, tournait sans cesse autour de l'assemblée pour épouvanter les curieux profanes. Au dessert, tous les invités du sabbat formaient une ronde gigantesque et entouraient ainsi la colline de leurs danses, jusqu'à ce qu'enfin, ils s'évanouissent dans l'air comme des ombres légères...

 

 

Quittant près de Vallorbe, les grottes qui portent leur nom, les fées vinrent s'établir dans une caverne de la commune de Montcherand , au-dessus d'Orbe, la grotte du Désespoir dite aussi Cave aux Fées, un endroit dominant les hautes parois de calcaire urgonien des gorges de l'Orbe. Il y a bien des années, deux jeunes amants désespérés de ne pouvoir s'unir à la suite de dissensions familiales se sont retrouvés une dernière fois dans cette Grotte de Montcherand. Puis, décidant de mourir ensemble, ils se précipitèrent du haut des rochers...C'est à la suite de ce drame que la Cave aux Fées porte aussi le nom de Grotte du Désespoir...

 

 

GROTTE AUX FEES DE ST MAURICE

   

Frizette, la fée la plus connue qui habita au Trou des Fayes (rebaptisé la Grotte aux fées, à St-Maurice), faisait garder les lieux par de gentils lutins. Elle était fort aimée dans le pays car elle essayait de se rendre utile à chacun, recherchant le bonheur de tous, aidant les malheureux, soulageant les malades. Hélas, il y avait dans le repaire des Diablerets une méchante fée nommée Turlure. Cette dernière, chassée de son habitat à la suite d'un éboulement, ne trouva rien de mieux que de demander l'hospitalité à Frizette. Celle-ci lui concéda la partie de la grotte dont l'issue s'ouvrait, disait-on, sur le plateau supérieur au pied de la Dent du Midi et fit élever un mur par ses lutins pour séparer les deux logis. Mais Turlure, pas contente du tout de cet arrangement, ne tarda pas à devenir un fléau pour les habitantes de la vallée que protégeait Frizette. Il arriva alors que cette dernière, au cours d'une violente dispute, fit disparaître la mauvaise fée dans le Rhône en cassant sur elle sa baguette magique. Ayant ainsi terminé sa mission sur terre, Frizette regagna le ciel et le royaume des fées après avoir quitté son palais de la grotte de Saint-Maurice dont seul l'ancien souterrain de Turlure est resté inaccessible.

 

    

               

                 

 

LA FONTAINE DES FÉES

On raconte que celui qui plonge sa main gauche dans cette eau, verra ses rêves les plus chers se réaliser grâce à la vertu magique des fées. Mais il y a deux conditions préalables et nécessaires. La première : ne pas dévoiler le vœu que l’on a fait; la seconde : revenir un jour dire sa gratitude aux gracieuses nymphes de la grotte

 

LE REPTILE VOLANT

Au temps des fées, cet animal hantait les eaux du lac; il s’ennuyait, tout seul de son espèce dans cet immense royaume souterrain. Aussi décida-t-il de s’enfuir. De la cascade, il sauta jusqu’à une petite galerie supérieure. Après quelques jours, il décida de repartir, mais notre fabuleux animal qui avait pris de l’embonpoint, s’efforça tant qu’il laissa sa peau collée au rocher. Plein de honte, il poursuivit sa route mais à la place où l’on voit qu’il se trouve actuellement, il rencontra la fée Carabosse furieuse de son idée de fuite qu’elle avait devinée. Elle plaça le reptile sur un rocher et elle l’y figea pour jamais d’un coup de baquette magique.

 

L'OS DE JAMBON

 Il était une fois une fée très jolie et très bonne qui avait trouvé un sémillant époux grâce à ses précieuses qualités. Un jour qu’ils se promenaient sur les bords du lac, elle décida de l’embrasser à chaque contours (il y en 68 jusqu’au lac). Déjà ils s’étaient embrassés 41 fois et elle penchait déjà sa tête en arrière pour recevoir un autre baiser lorsqu’elle aperçu les 12 nains de la grotte cachés derrière une grosse pierre. Frisette les appela et leur ordonna de rester là jusqu’à son retour. Ils promirent tous, mais l’un d’eux, Pipo, la suivit jusqu’au garde-manger, il y décrocha un jambon. Avec ses copains, il le mangea vite et en silence, puis en sautant sur les épaules les uns sur les autres, ils plantèrent l’os du jambon au sommet de la voûte du lac. A son retour, Frisette vit et compris ce qui s’était passé. Elle devina Pipo comme le coupable et l’emmena par l’oreille jusqu’au garde-manger. Mais Pipo lui dit alors ses mots suaves : " Je vous ai laissé les pieds du cochon pour calmer la faim que cette promenade amoureuse a dû vous causer ". Frisette emmena Pipo jusqu’au lac et contre la paroi on peut encore admirer son effigie.

   

           

LA FÉE NOIRE

 On parle aussi dans le Jura d'une autre aimable fée, la Noire, qui bien que très vieille, était fort compatissante pour les habitants de la paroisse de Villars-sur-Fontenais (district de Porrentruy). Elle habitait dans une grotte creusée sur les flancs de la Roche-sur-Brère, dans la montagne des Chainions. Cette caverne en partie obstruée par les éboulis, porte le nom de Grotte-en-Lai-Noire. Pendant une famine, au cours d'un terrible hiver, une malheureuse femme avait quitté son misérable logis avec l'espoir de découvrir quelque chose à manger pour son bébé exsangue et mourant de faim. N'ayant rien trouvé, elle rentre désespérée dans sa maison. Et que voit-elle ? La fée Noire, tenant à la main une coquille de noix d'où elle tirait avec une minuscule cuillère une bouillie toute chaude qu'elle donnait au marmot tandis que la coquille se remplissait à mesure...Glacée, trempée, la pauvre mère se confondit alors en remerciements et la fée, touchée par cet amour maternel, lui fit don de la coquille enchantée...